
Wonder Woman : femme de front
Hier sortait en France Wonder Woman, réalisé par Patty Jenkins : c’était un peu mon rendez-vous en terre inconnue.
Je n’y connais rien en super-héros, je sais à peine différencier les Marvel des DC Comics… d’ailleurs ces derniers ont rarement ma préférence. Batman, Superman… Très peu pour moi.
Mais ces derniers temps Wonder Woman, le film, a beaucoup fait parler de lui. Parce qu’en 2017, les femmes qui sont sur tous les fronts dans la vie : il n’y a que ça, mais au cinéma, qui plus est chez les super-héros : ça ne court pas les mondes, du plus réel au plus onirique : les femmes n’existent jamais par elles-mêmes. Elles sont le renfort, le cœur sensible, le sexe faible, toujours.
Quand ma sœur de 10 ans est venue me demander si l’on pouvait aller voir le film : qui étais-je pour lui refuser ce plaisir ? Ce plaisir que je n’ai pas eu à son âge, celui de voir une femme sauver le monde.
2h21 de film (je vous rappelle que je préfère les films d’1h30 ?) où l’on apprend la genèse de Wonder Woman, jeune Diana ayant grandi entourée de femmes Amazones sur une île coupée du reste du monde. Puis il a suffi d’une intrusion pour que naisse en elle ce besoin de faire le Bien, ce besoin viscéral d’aller aider ceux que l’on manipule et qui souffrent.
Le film en lui même pose quelques problèmes de rythme, des longueurs non nécessaires où l’on peut facilement perdre la narration, en tant que spectatrice novice : je crois que ce serait mon seul reproche.
La photo est superbe et sur la première partie du film, elle frôle le merveilleux. Les plans sont baignés d’une lumière presque méditerranéenne, puis le film s’assombrit (là encore, la perception des détails est malheureusement handicapée par la version 3D…) et visuellement je pense qu’on atteint le sublime à 20mn de film lorsqu’Hippolyta raconte à sa fille une histoire de combat. L’image ressemble à un tableau entre Géricault et De la Tour, que l’on aperçoit mis en mouvement mais lentement. Juste assez pour que l’on saisisse la profondeur de la chair, la douleur sur les visages : une réelle beauté.
Le reste est très maitrisé et plutôt classique, les costumes sont soignés et qui n’est pas ébloui par cette élégance britannique dans les années 1940, en plein milieu de la guerre ?
Je crois qu’au delà du divertissement, il y a d’autres détails qui ont retenus mon attention dans Wonder Woman.
Avant même sa sortie, il était rangé dans la catégorie DU film féministe de l’année. Je ne sais pas si l’on peut aller si loin, mais en terme de symbole, c’est certain : il met tout le monde à terre.
A chaque moment un peu épineux, mon esprit formaté par la société n’avait qu’une crainte : que Diana ne s’en sorte pas seule, qu’une main masculine lui soit tendue. Il faut croire que je n’avais pas assez confiance en le film, parce que sur ce point, il ne m’a pas déçue une seule fois. Et pourtant, ses actes et sa force ne font pas d’elle un être dénué de sentiment. Son personnage est parfaitement écrit et au delà même de l’écriture, il est longuement pensé et réfléchi, au même titre que les dialogues. Je dois d’ailleurs confesser que tous films de super-héros confondus, c’est souvent les dialogues que je retiens. C’est certes très efficace et souvent facilement amené, mais il y a 2-3 phrases par films que l’on retient et auxquelles on pense.
Pour beaucoup, ce n’est que superficiel et un effet de mode, mais je crois personnellement que le processus d’identification est crucial. Les femmes doivent être représentées. Partout, tout le temps : aucune place n’est prédéfinie pour personne. Il est important et même nécessaire qu’une fillette prenne conscience de sa capacité à prendre la place qu’elle désire, à l’instar de l’adolescente qui se cherche ou quelconque personne ayant des doutes. On a besoin de modèle auxquels se rattacher quand on ne sait plus. On a besoin de films où le femmes font autre chose qu’attendre un coup de téléphone en culotte sur leur canapé à manger du chocolat (j’adore Bridget Jones).
Je crois même qu’il est nécessaire également que les hommes prennent conscience que toute la place publique ne leur est pas réservée et qu’ils n’ont pas leur avis à donner lorsqu’on entre quelque part. Un autre point bien senti dans ce film : Si Wonder Woman est l’héroïne de A à Z, les hommes n’en sont pas dénigrés pour autant (j’ai bien conscience que c’est aussi un enjeu marketing et que les producteurs voulaient le public le plus large possible mais je tenais quand même à le souligner) : la caméra n’est simplement pas portée sur eux et devinez quoi ?
La cohabitation se fait sans encombre… ou presque (film de super-héros oblige). A un moment, Diana glisse à l’oreille de Steve (interprété par Chris Pine, au top de l’humour) « Men can save the day, Women can save the world » : comme ça c’est dit, on a donc bien besoin de tout le monde.
Ce sont tous ces messages qui m’ont plu dans ce film, tout ce que l’arrière plan avait à dire. Cette phrase si juste de Sammy qui dit à Diana qu’elle est une femme dans un monde d’hommes, alors que lui ne peut pas être acteur parce que sa peau est trop foncée : chacun mène ses combats, sans hiérarchie, parce que tout le monde est important.
Il y a de l’intelligence dans les messages et du divertissement jusque dans les scènes de combat, terriblement musclées et tout aussi bien filmées.
A la fin du film, j’étais un peu effrayée quant au dénouement pour Diana. Je me tourne vers ma sœur et lui demande si elle pense que Wonder Woman va gagner le combat. Sans même me regarder, elle tranche d’un « oui ». 3 minutes plus tard, elle se tourne vers moi pour me dire « je te l’avais bien dit ! », comme une évidence. Alors que je n’y croyais pas, elle n’en a jamais douté. C’est juste pour ça que le film et ceux qui –je l’espère- suivront sont importants.
Le cinéma n’est jamais que du cinéma.
A ceux qui le pensent, je leur conseillerais humblement de chercher encore un peu, parce que même si ça prend du temps : on finit toujours par trouver. Et les réponses sont souvent là où jamais on aurait eu l’idée de chercher.
Il ne faut plus qu’aucun enfant ne se sente abandonné, non-représenté. Ca passe par des tas de moyens et d’enseignements. Je ne suis sûre que d’une chose : ça passe aussi par le cinéma, celui que l’on néglige quand les étoiles Télérama n’y sont pas notamment. Mais ne nous laissons pas avoir : nous valons et méritons mieux que ça.