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L’amant d’un jour : et d’autres nuits

L’amant d’un jour : et d’autres nuits

Au même titre que les couleurs portent des nuances, les films en noir & blanc également. Dans les films de Philippe Garrel c’est presque saturé, comme si les couleurs allaient apparaître d’un instant à l’autre.

Comme d’habitude, les visages sont filmés en gros plan et la simple casserole posée sur le feu est remplie de poésie.

Peut être que le noir & blanc permet finalement le repos du regard. Il n’y a alors plus besoin d’être à l’affût, on se laisse porter par la mélancolie d’une vie qui passe et par la douleur d’un amour trop vite disparu.

Jeanne, abandonnée par le premier grand amour de sa vie, retourne vivre chez son père qui vit lui même avec Ariane, qui a le même âge que sa fille. Ce qui est intéressant, c’est que ce n’est pas le sujet du film, c’est un fait et l’avis de personne n’est demandé.

L’Amant d’un jour… Oh grande surprise parle d’amour et plus précisément celui qui ne dure pas toujours. Comme deux personnes qui s’aiment mais n’ayant pas la même vision d’une relation de couple : peuvent-ils vivre ensemble ?

Qui doit ranger ses espoirs sous le tapis pour le bien-être de l’autre ?

Ce que je trouve toujours fascinant dans les films de Philippe Garrel, c’est cette capacité à montrer la complexité du quotidien. On partage le même lit, on s’embrasse de manière automatique avant de claquer la porte, on se voit sans se regarder. Il n’y a aucun jugement à porter, c’est la vie voilà tout. Mais le quotidien c’est beaucoup de questions et zéro réponse.

Faut-il dire à l’autre que l’on a eu une relation dans les toilettes pour femme entre 15h15 et 15h35 ? Faut-il lui dire qu’on l’aime mais que parfois on pense à d’autres ? Est-ce aimer moins ?

D’un côté il y a toutes ces questions d’une relation sage et presque établie. De l’autre il y a l’amour, la passion, les yeux qui brillent. D’aimer trop fort et de la tristesse du jour où il faut partir en pleine nuit avec sa valise bouclée en 4 minutes, cintres inclus.

On dit que l’on se remet de tout, surtout de ses premiers chagrins d’amour. Ce n’est pas totalement vrai. La jeune Jeanne pleure beaucoup, se réveille la nuit et pleure encore. Elle a l’impression d’avoir tout perdu et peut être est-ce vrai. Toute de noire vêtue, elle déambule dans les rues d’un Paris que l’on ne peut daté, où tout est fermé, un Paris désert et presque triste, comme elle.

Jeanne est interprétée par Esther Garrel. Comme je suis heureuse de la voir dans un grand rôle. Doux mélange entre la nonchalance de son frère Louis et une sorte de force ressemblant à celle de sa mère Brigitte Sy. Qui mieux que son père pouvait filmer cette presque adulte qui tente de garder la tête hors de l’eau face au courant de la vie ?

L’amant d’un jour évoque les libertés que l’on s’accorde, celles que l’on prend, les infidélités que l’on cache, celles que l’on chéri aussi parfois. C’est tous les degrés de l’amour face auxquels nous ne sommes pas tous égaux puisque finalement personne ne cherche la même chose.

J’aime beaucoup le titre du film. Un jour, comme une seule et unique fois. Un jour, comme celui qui marque le début d’une histoire. Un jour, comme régulier, qui revient à la même heure. L’amant comme celui que l’on quittera puisqu’il lui manque une lettre pour que l’on reste attiré toute la vie.  

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