
Retour à Montauk : au temps du grand amour
Entre un film de Woody Allen époque Manhattan et un film indépendant à la Greta Gerwig se trouve Retour à Montauk.
Sorte d’ovni qui se fait une place entre les comédies françaises estivales et l’arrivée des blockbusters ensoleillés. Un film qui n’avait pas vraiment sa place mais que l’on a quand même envie d’accueillir.
On y respire parce que les dialogues sont brefs, les silences longs. L’image est fine, légèrement grainée et saturée. Les plans sont plutôt rapprochés à New York mais larges lorsqu’on arrive à Montauk où l’océan englobe les personnages, leurs peines, leurs regrets.
Ces longs vides nous permettent de saisir le poids du passé. Celui sur lequel on peine à réécrire. Celui où même gommé, le crayon laisse des traces. Dans ce film il y a l’idée très claire du retour : on ne revient pas pour recommencer ou reprendre, on y revient simplement pour se souvenir. Souvent on les néglige mais les souvenirs permettent quand même de tenir debout.
C’est plutôt étrange car le film n’est pas profond en ce qu’il montre mais surtout en ce qu’il laisse comprendre. Chacun y transpose sa propre expérience, ses propres manques. Il y a toute une réflexion sur le regret que j’ai trouvée fascinante. Une réflexion qui va à l’encontre de tout ce qu’on nous dit. Le film nous explique que les regrets sont importants, que les gens que l’on a laissé filer autant que ceux qui nous ont abandonné : ça compte.
C’est fort car le film n’essaie pas de reposer le spectateur dans un droit chemin, l’arrangement n’est pas recherché.
Les émotions c’est simplement compliqué.
En pleine ville, à Berlin ou au bord de l’Atlantique : c’est compliqué, c’est personnel et parfois il faut accepter que personne ne comprenne. Il faut accepter que même les écrivains, même les plus grands joueurs de sentiments, ne puissent pas comprendre ce que l’on vit.
Même si les retours font mal, souvent ils sont nécessaires. Sur des jours entiers, il suffira parfois d’une heure ou deux, de 130km ou d’une maison qui ne s’ouvre pas.