
Mon ket : l’humour solide
Je ne saurais recommander le premier film de François Damiens tourné en caméra cachée à quelqu’un qui n’est pas réceptif à son humour si spécial. Il faut aimer le comique de situation, les répétitions, l’accent belge, et les situations totalement barrées. C’est tout cela que François Damiens « met en scène » dans Mon Ket. Il s’évade de prison et part retrouver son fils qui demande son émancipation. L’enfant est discret, ne demande pas grand chose si ce n’est une vie calme : mauvaise nouvelle, son père est revenu et ça va déménager.
Le film est un mélange malin entre la fiction : le fils, le parrain, la petite amie… Puis la réalité qui fait surface au hasard des scènes et si on se laisse aller au film, on ne reconnait presque plus qui est acteur ou ne l’est pas. Il y a des scènes frappantes et qui restent. Celle du tabac notamment, cette du joueur de foot ou même de la banque. Ce sont à chaque fois quelques minutes, pas plus de 5 durant lesquelles François Damiens, parfaitement grimé, tente de pousser à bout les gens.
Si le film a une bonne continuité, certains sketchs sont plus ou moins convaincants. François Damiens se promène dans un personnage aux faux airs de Johnny Hallyday et avec un sens de l’improvisation à faire pâlir n’importe quel comique. Il est doué, c’est cette technique qui a fait son succès et ça marche.
C’est compliqué de faire rire, surtout lorsqu’on se lance dans un film aussi bancal : entre le vrai et le faux, entre le montage et la caméra qu’on laisse tourner sans interférer. Je pense sincèrement qu’il faut aimer son humour car on ne retrouve dans ce film rien d’autre que cela. C’est audacieux dans la prise de risque mais pas forcément dans le reste. Le film en tant qu’objet est au service du rire (et cela fonctionne), mais pas au service du cinéma.
Ce que j’en retiens surtout, c’est l’immensité de François Damiens. Il gère d’une main de maître sa carrière et lorsqu’on le retrouve dans des drames il est criant de vérité. Il est excellent acteur car il enfile la veste de ses personnages aussi bien qu’il la retire et quoi qu’il arrive, ça reste fascinant.