
Everybody knows : drame espagnol
Je suis toujours attirée par les films d’Asghar Farhadi : je trouve que sous la couverture classique, ses films sont teintés d’intelligence. On y trouve des thèmes plutôt pas très originaux mais tournés de manière nouvelle, ou du moins : captivante.
Everybody Knows était le film d’ouverture du festival de Cannes cette année (ça change du Woody Allen de plus en plus mauvais chaque année.). On y retrouve en tête d’affiche Pénélope Cruz et Javier Bardem en couple de jeunesse qui a du se séparer sur fond d’histoires de famille.
Elle est mariée, vit en Argentine avec son mari et leurs deux enfants. Lui est resté en Espagne où il est viticulteur. Il est marié mais n’a pas d’enfant. Pour le mariage de sa petite sœur, Laura est revenue en Espagne avec son fils et sa fille. L’humeur est aux beaux jours : ceux où le soleil brille, où tout le monde est bien habillé et a un peu trop bu. Jusqu’au moment où Irene, la fille de Laura, disparaît en plein mariage.
Le côté thriller du film est très bien fait. La transition avant/après la disparition se voit très bien à l’image : l’électricité saute, la pluie tombe à n’en plus finir, la nuit est de plus en plus noire. Penelope Cruz passe de la déesse en robe dentelle noire aux airs de reine à la mère à terre. Ses vêtements ne sont plus les mêmes, ses chaussures non plus, ses cheveux sont plats et son visage creusé. C’est un gouffre au milieu du film, un gouffre où elle va s’enfoncer petit à petit. Paco, son amour de jeunesse, va être le premier à l’aider. Il va appeler toutes ses connaissances, se donner corps et âme pour retrouver Irene. A travers Irene, il cherche indéniablement à reconquérir sa mère, Laura. Le duo Cruz – Bardem fonctionne à merveille et est au centre de ce film de plus de deux heures et pourtant très prenant.
Le rythme est maintenu tout au long du film, que ce soit dans la joie ou la terreur, puisqu’il s’agit bien d’un drame. Un drame où la famille se mêle de ce qui ne la regarde pas, un drame dans lequel chacun pense que c’est le moment se dire ses quatre vérités. Les scènes de règlements de compte sont très bien construites : on sent l’énervement dans la pièce mais l’on attend de savoir qui se lèvera le premier.
La fin est également très bien amenée (bien qu’un peu trop rapidement résolue ?). C’est très bien écrit, et la tension que cette découverte amène donne envie d’une suite (qui n’arrivera probablement pas). Everybody Knows est un film intéressant sur la famille dans ce qu’elle a de plus sombre et de plus malhonnête. Le film n’essaie pas d’enjoliver la situation, le spectateur descend au plus bas avec les personnages et il est fascinant de scruter les réactions de chacun de ces membres. Plus la famille est grande plus nombreuses sont les possibilités.