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Ma fille : stranger in the night

Ma fille : stranger in the night

Le grand public avait découvert Naidra Ayadi en 2012 dans Polisse pour lequel elle obtient le César du meilleur espoir féminin, elle revient aujourd’hui avec sa première réalisation : Ma Fille. Dans ce film, Roschdy Zem incarne un père à la recherche de sa fille. Une famille d’origine algérienne venue s’installer en France, à Pontarlier, a laissé sa fille aînée partir à Paris pour suivre une formation de coiffeuse : Leila, au nom de la nuit. Elle va commencer à incarner son prénom et ce n’est pas la coiffure qui va l’intéresser mais l’argent, le succès, le sommet. Son père vient avec sa petite sœur, Nedjma, une veille de Noël, pour la retrouver à Paris et la ramener auprès de sa mère rien que pour une soirée. Ils vont errer dans la ville toute la journée, toute la nuit, pour arriver dans des endroits de plus en plus éloignés dans la capitale, de plus en plus secrets et select. Leila n’est pas coiffeuse, mais escorte.

C’est un premier film intéressant dans lequel on parle d’un sujet qui est assez peu traité, du moins pas de cette manière. C’est à la fois très doux mais plein de tension puisqu’Hakim cherche sa fille et va de déconvenues en désillusions. Il ne la trouve pas et en 24 heures il doit acquiescer le fait que sa fille n’est pas coiffeuse mais que les hommes la paient en échange de relations sexuelles. C’est compliqué pour lui, car il a décidé de tout sacrifier dans sa vie pour que ses deux filles ne soient jamais dans le manque. C’est finalement un film très axé sur la solitude puisque la nuit, Hakim est seul et Leila, elle aussi est seule. C’est un film où il est question de famille mais où la solitude de chacun transparait à l’écran. Un film où l’amour se fait tendre mais pudique, un film aux lumières dans la nuit, un film de nuit parisienne, si spéciale. C’est d’ailleurs en cela que le film est pertinent : on voit Paris des yeux d’un provincial, de quelqu’un qui a connu Paris mais s’en est éloigné trop longtemps. Paris c’est un peu comme un enfant : quand on s’en éloigne un peu trop longtemps ou trop loin : on ne la reconnait plus quand on revient.

C’est un film qui présente également quelques faiblesses, au niveau du rythme par exemple, de certains dialogues, peut être également dans le choix de la jeune sœur Nedjma dont le jeu peut paraitre un peu trop poussif. Ma Fille explique que l’argent régit aujourd’hui beaucoup de choses. Mais au delà de l’argent, c’est l’immédiateté qui est recherchée. Le très vite, très fort, tout de suite. Il n’y a pas le temps de grimper les échelons, pas le temps d’apprendre à comprendre, il faut simplement gagner quitte à exploser en plein vol.

C’est un film un peu dur aussi, dur de voir un parent qui se fait trahir aussi soudainement et fortement. Un parent qui a essayé de tout donner et qui reprend en pleine face le fait que son enfant est parti vivre sa vie. C’est aussi cela dont il est question dans Ma Fille : de l’enfant qui part. De l’enfant qui s’éloigne de la famille et qui n’y revient plus, pour peut être mille raisons que nous ne connaissons pas ici. Certes la prostitution parait l’évidence, mais cacher ce travail le temps d’une soirée dans l’année, c’est tout à fait faisable, alors pourquoi Leila fuit ? On ne sait pas pourquoi l’enfant ne revient pas, pourquoi il ne veut pas communiquer, dialoguer, discuter. Pourquoi l’enfant abandonne son parent.

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