
Les estivants : recommencer
J’aime bien le cinéma de Valeria Bruni Tedeschi. J’aime la candeur qu’elle mélange à la dureté. J’aime l’histoire de la (sa) vie qu’elle raconte sans fard.
Si j’ai apprécié son nouveau film « Les estivants », une question subsiste : peut-on faire les mêmes films à l’infini ?
Au début de celui-ci, Valeria a rendez-vous avec la commission du CNC et l’un des membre lui demande la différence entre ce nouveau film et ses précédents ? Aucune.
Les personnages mondains sont les mêmes, la critique en demi-teinte d’une bourgeoisie qui peu à peu perd son rang. mais ce qui m’a surtout frappée c’est la caricature du personnel de maison : des gens fatigués, épuisés, mal habillés, sans culture, ni élégance. Est-ce une réalité ? N’est)ce pas un peu poussé ? J’ai eu beaucoup de mal à rire sur le comique de répétition de l’intendant syndicaliste : car c’est la triste vérité d’un métier qui frôle très souvent l’esclavagisme.
Les estivants montre des gens qui vivent non pas dans le paraître mais pour le paraître : pour les dîners où l’on se donne en spectacle. Les estivants est une brochette de gens aux mille problèmes : des viols, des attouchements et autres avortements non voulus : rien n’est grave. Ce n’est pas chic de parler de ces problèmes et de les considérer comme tels. S’ils commencent à se soucier de ces sujets : ils deviennent la foule, la plèbe.
J’ai cependant trouvé intéressant de montrer l’artiste incapable de produire, bonne à rien et qui a le culot d’aller se plaindre à ceux qui travaille 24/7.
Noémie Lvovsky campe un personnage pertinent mais qui peine à se développer puisqu’elle n’a pas sa place dans ce monde. Elle est un peu notre personnage « porte d’entrée », elle nous représente et semble estomaquée par mêmes choses que le spectateur.
Malgré toutes ces absurdités, le film fonctionne, les acteurs sont bons, le décor azuré donne envie : c’est maîtrisé. La bande originale est bien sentie et maligne. Valeria Bruni Tedeschi ne partage plus la vie de Louis Garrel, l’absent que l’on voit dans le fond de son chagrin (ou celui de son personnage…). Leur fille Oumy, prometteuse, semble être la seule personne lucide au milieu de ces adultes qui s’abîment : qui se fond du mal pour se sentir vivre.