
Le Poulain : l’invité à l’Elysée
C’est au hasard d’une bande annonce plutôt castratrice que j’ai découvert Le Poulain, un film de Mathieu Sapin, un homme de l’Elysée. En effet, il écrit et dessine des bandes-dessinées et Le Château, sa dernière BD en date nous glisse dans les coulisses du Palais durant une année. Mathieu Sapin ne s’éloigne pas de la politique puisque dans Le Poulain il est question de magouilles, de messes basses, et de petits trafics… De politique française somme toute.
Arnaud, jeune homme qui n’a rien demandé à personne et interprété par le génial Finnegan Oldfield va se retrouver assistant d’une directrice de campagne absolument horrible. Qui hurle, qui rabaisse et pour qui l’humiliation suivie d’une caresse du dos de la main est un jeu. Cette directrice est interprétée par Alexandra Lamy et arrêtons-nous sur ce point. Cela fait quelques temps maintenant qu’elle a fait un retour au cinéma dans des films choisis, des rôles plus complexes et moins drôles. Cela n’a jamais fonctionné avec moi, je lui trouvais toujours des airs niais ou ennuyeux… J’ai été totalement convaincue par sa prestation dans Le Poulain : elle est franche, juste et géniale.
Elle va se servir d’Arnaud comme d’un petit espion : rapporter les infos du camp d’en face ou du voisin. Dans Le Poulain nous suivons des Primaires puis des Présidentielles et la montée au pouvoir d’un homme sur lequel personne ne pariait (tiens tiens…). En soi, le scénario n’est pas vraiment original : c’est vu vu et revu dans de nombreuses séries TV ou autres films américains (un peu moins en France cependant), mais c’est un sujet qui intéresse.
C’est un film aux couleurs comédies : rien d’original visuellement, rien d’ambitieux, rien qui n’essaie d’aller au delà du film. L’histoire est simple avec des personnes assez torturées pas assez exploitées à certains moments, mais cela reste bien pensé et bien tourné. Ma mention spéciale va à Gaspard Gantzer qui travaillait à la communication lorsque l’Elysée avait encore la rose à la main. Il ne joue pas son propre rôle mais il est très convainquant et j’ai adoré ce clin d’œil. Sur France Inter, Mathieu Sapin racontait que Gantzer était comme un gosse à l’idée de tourner dans ce film et qu’il prenait son rôle très au sérieux : ça se voit. Peut-être qu’une carrière d’acteur divisera moins qu’un mandat à la mairie de Paris…?
Le Poulain n’est pas forcément intéressant sur ce qu’il raconte car quiconque a suivi les élections n’apprendra rien des coups bas et autres victoires mais le film a su faire d’une histoire pas très glorieuse, un divertissement. Ce n’est pas facile de remettre sous les yeux des gens une élection qu’ils ont réellement vécue il y a un peu plus d’un an et de tourner le tout en dérision, de montrer que tout n’est qu’une vaste foire lorsqu’on se place à l’intérieur. Il n’y a que des gens et des égos. Des gens et des égos ça fait de jolis films… Mais pas forcément de belles politiques.