
Fleuve noir : à l’ancienne
La période estivale et le cinéma c’est une grande histoire de presque désamour. Qui va au cinéma alors qu’il peut aller à la plage ? se promener dans la ville ensoleillée ? Qui va au cinéma alors que les journées sont longues et qu’il est agréable de rester à l’extérieur (moi). Alors forcément, sortir un film l’été c’est risqué, c’est prendre le risque de ne pas être vu, de passer inaperçu entre les blockbusters pour qui c’est la saison et les animés qui divertissent les enfants en -longues- vacances.
C’est pourtant en plein cœur de l’été qu’est sorti Fleuve Noir. Un film glauque où une mère arrive désemparée au commissariat car son fils, sage et serviable a disparu du jour au lendemain. Elle y trouve un commandant désolant sans être désolé : Vincent Cassel. Il est sale, les cheveux collants tant ils n’ont pas été lavés depuis des semaines. Il est toujours habillé pareil, une sorte d’uniforme d’un inspecteur à mi-chemin entre Navarro et Columbo… Pas hyper flambant. Et pour pousser le cliché jusqu’au bout : il est alcoolique, sexiste, a des problèmes de famille, et est parfois violent : original.
Après quelques mises en places classiques d’un thriller assez bas de gamme, Vincent Cassel, un peu forcé, mène l’enquête à coup de dialogues écrits au couteau et attendus.
L’intrigue est plutôt classique et rien n’est franchement étonnant, pas même la fin totalement attendue et bien trop peu exploitée.
Si visuellement le film est travaillé, le reste semble avoir été laissé à l’abandon. L’image est noire, terne, pluvieuse comme un bon thriller. Le casting était lui aussi à son maximum : Vincent Cassel, Sandrine Kiberlain et Romain Duris au premier rang et il faut le dire : la distribution est également très bonne. Cependant Sandrine Kiberlain n’est pas exploitée dans son rôle à la hauteur de son talent. Elle vivote et ça en devient sur certaines scènes un peu lassant. Romain Duris joue le professeur particulier un peu borderline. Son rôle est l’un des mieux écrits… Mais peut-être un peu trop. Il sur-joue ce professeur de lettre au fond des clichés lui aussi : la relation avec Kafka bien trop attendue et même pas développée. Il y a cette relation vieille comme le monde d’un professeur qui sait tout et d’un inspecteur de police un peu con.
Il y a également une scène de viol qui passe comme une lettre à la poste et qui est parfaitement gênante. Ce film est assez gênant en tant que spectateur, non pas parce qu’on est plongés dans l’intrigue, mais parce que ça ne va pas. Il y a trop de choses qui ne collent pas et qui sont traitées à la légère. C’est plutôt dommage parce que la bande annonce, bien construite, nous promet un film sombre et intimiste, ce n’est finalement qu’une banale enquête, qui part dans les mauvais abysses, une enquête qui se concentre sur ce qui n’est pas pertinent. Je trouve que le film tourne un peu en rond, et que les acteurs finissent par s’emmêler les pinceaux. Il y a certaines théories un peu fumeuses avancées et qui ne nous captivent pas. J’ai trouvé que le personnage de Vincent Cassel rendait l’intrigue vulgaire, rien ne fascine et je suis sortie de la salle en ayant déjà oublié le film.