cinéma
First man : fly me to the moon

First man : fly me to the moon

Qu’on se le dise dès maintenant, il ne sera pas question ici de La La Land. Je vois de nombreux articles et avis mettre en comparaison les deux derniers films de Damien Chazelle. Il est certain qu’une razzia telle que celle de La La Land aux Oscars ne s’oublie pas de si vite, mais avec First Man, nous ne sommes absolument pas sur le même genre de film. Je crois d’ailleurs que c’est qui m’impressionne : cette capacité de Damien Chazelle à sauter d’un film à l’autre sans filet et sans élastique. Il fait des films comme des pièces uniques. Il prend le risque de perdre des spectateurs… Mais aussi d’en gagner d’autres.

First Man revient sur l’une des plus grandes missions spatiales : les premiers pas de l’homme sur la lune. Un grand événement, une mission légendaire… Et un film étonnement intimiste. Pas de grande musique de triomphe, pas de grand plan comme ce genre de film (Gravity, Seul sur Mars, Interstellar) : ici c’est secret. Les plans sur les visages de Ryan Gosling et Claire Foy sont rapprochés, on devine leurs yeux mouillés, la peur, l’angoisse et parfois la joie. Ils sont tous les deux incroyables et leur duo fonctionne à merveille. Ryan Gosling est toujours épatant dans ses choix et ses rôles. Il est ici dans la peau de Neil Armstrong : premier homme à marcher sur la lune. Au-delà de cet exploit d’astronaute, le film nous raconte l’homme. La difficulté de perdre des collègues lorsque les entrainements tournent mal, la difficulté d’une mort, la difficulté du travail acharné pour sans cesse tout recommencer à zéro. Le risque. Au delà de ce mal-être ambiant, il y a une légèreté qui plane sur le film, je ne saurais l’expliquer, elle ressemble un peu à celle des films de Terrence Malick où le temps se suspend, s’arrête, et où l’on regarde. L’espace permet ces plans lents, cette beauté à contempler.

J’ai aimé le fait qu’il n’y ait pas de « méga drame » à l’américaine avec un suspense à couper le souffle. Ce qui prend la gorge ce sont les émotions et l’Histoire. Avant de voir le film, on connait la fin. On sait que les américains sont les premiers à avoir poser le pied sur la lune, on sait l’envie appuyée de Kennedy à redorer l’image spatiale américaine et le cœur du peuple. On connait la fin, mais c’est agréable. La concentration ne se fait pas sur l’intrigue mais sur les personnages, les hommes et les femmes qui ont fait de cette idée folle, un exploit réalisable. Ryan Gosling et Claire Foy forment un duo magnifique, avec une tension palpable tout au long du film. Ils sont deux individus aux caractères très forts : Ryan Gosling est dans un mutisme doux : il est gentil, serviable, mais on ne peut pas pénétrer qui il est vraiment. Claire Foy mène son foyer à la baguette, elle essaie de contenter chacun tout en s’inquiétant chaque jour, chaque matin et chaque soir que son mari ne rentre pas : brûlé dans une capsule, mort dans un entraînement, ou ne pouvant revenir sur Terre.

First Man est un film simple et c’est ce qui m’a charmée. La bande originale est signée Justin Hurwitz, une fois encore, et sa douceur teintée de mélancolie glisse sur le film comme sur du velours. Les airs de valse ou encore « Quarantine » sont des airs qui me restent encore aujourd’hui en tête tant je trouve leur minimalisme émouvant. C’est le bon terme pour ce film : tout est émouvant. Les personnages, les relations, les images aux couleurs spatiales sombres, la lumière qui rencontre la poussière sur certains plans : c’est superbe. Le film est long mais une fois que l’on entre dedans, on aimerait y rester. C’est un film dans lequel on peut trouver sa place car on y est invité.

Je crois également que ce n’est pas forcément un film grand public, dans le sens où il faut être dans un certain état d’esprit. Il est aisé de passé à côté de First Man, de le trouver trop long, trop lent, mais lorsqu’on y va sans rien attendre, c’est un film humain qui nous tend les mains et le coeur, une partie de l’Histoire à travers les yeux d’hommes et de femmes qui ne pensait pas leur quotidien à l’échelle mondiale.

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