
Mascarade : presque y croire
Les films de Nicolas Bedos semblent toujours parfaitement accueillis. Par le public mais aussi une certaine partie critique. On ne peut lui retirer l’ambition de ses œuvres cinématographiques. De grands beaux plans, de superbes castings, de grandes histoires où l’amour est toujours central et douloureux. Une explosion de couleurs, de saveurs, d’idées. Une réussite ?
Peut-être, mais pas tout à fait. Comme un dîner parfait auquel il aurait manqué quelque chose. On ne sait pas trop quoi, car c’était bien, mais ce n’était pas assez. Pourtant on n’a plus faim. Mais alors quoi ? Qu’est ce qu’il manque à « Mascarade » pour laisser un spectateur scotché à son siège ?
French riviera, époques mélangées et esprits embrumés. Pierre Niney partage cette grande affiche avec deux acteurs : Isabelle Adjani, star du théâtre, oubliée mais qui fait tout pour rester en vie et Marine Vacth, jeune (et toujours joli) femme qui est plus maligne qu’elle n’y paraît. Lui n’est personne. Mais le genre de personne qui veut devenir quelqu’un. Il tombe follement amoureux, est capable de tout, se contenterait d’un rien. Les personnages sont bien écrits, ils sont complexes et à la fois accessibles. Légers. Mais à certains moments, j’ai peiné à croire en eux. Pierre Niney semblait souvent détaché du jeune gigolo qu’il est supposé interpréter. Isabelle Adjani en fait des caisses et passe parfois à côté de la diva brûlante, imposante, fragile qu’elle doit incarner.
À plusieurs reprises, je suis sortie du film tant sa longueur se ressentait. Il manque un peu d’éclat, un peu de véracité dans l’image pour qu’on y croit. Pourtant la recette semblait bonne, il ne manquait presque aucun ingrédient. Les robes d’Adjani sont sublimes, sa maison ressemble à un château de reine, ses amis sont aussi inutiles que faux. Où est la vraie mascarade dans ce film ?
L’aller-retour au procès m’a semblé grotesque : qu’est-ce qu’on fait exactement ? D’où ça sort ? Qui juge qui ? Quel intérêt ? Autant de questions sans réponse. Ces plans viennent gâcher l’univers durement créer durant le reste du film. L’intrigue n’est pas assez bien ficelée pour donner envie d’aller plus loin dans le procès. C’est bien simple : le coupable, qui a fait quoi : on s’en moque. On est là pour les sensations, pas pour la vérité. Un peu comme le personnage de Martha qui paie pour se créer une vie qui semble la faire rêver. Elle aimerait que tout soit réel, mais tout n’est qu’invention, scénario et mise en scène. Qu’importe, ce qu’elle veut c’est croire qu’elle existe encore et ça fonctionne presque. Presque.