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Les faussaires de Manhattan

Les faussaires de Manhattan

Il y a des films comme ça. Des films qui nous parlent sur un simple grain d’image, des films qui semblent taillés pour nous, nos goûts, notre affection. Lorsque j’ai vu la bande annonce des « Faussaires de Manhattan », j’ai su que je me glisserai dans ce film comme on se faufile au chaud un soir d’hiver.

Lee Israel est autrice dans un New-York frileux. Son appartement est grand mais sale : la nourriture traîne un peu partout et l’odeur semble nauséabonde. Ce qu’elle écrit n’intéresse -plus- personne. Pour couronner le tout, Lee déteste les soirées, la représentation et l’hypocrisie nécessaire à son métier.

Le début du film retranscrit à merveille ses longues journées grises au travers de plans ternes et à la tristesse certaine. Puis Lee va trouver un moyen de briser la routine et de payer les loyers qu’elle a en retard : elle va inventer des correspondances entre auteurs disparus et revendre ces lettres, dont le papier sera jauni grâce à son four, à des collectionneurs. 

L’idée tient du génie et le scénario simple, rythmé et jouissif tient la distance. Mais ce qui fait des « Faussaires de Manhattan » un film attachant, c’est indéniablement la pestation de Melissa McCarthy. Elle est d’une justesse folle et elle touche le spectateur en plein coeur. Elle est ce personnage franc et vrai qui voulait simplement vivre de sa passion. Une passion dévorante mais qui n’intéresse qu’elle, dans le milieu littéraire qui ne pense qu’aux best sellers, aux cocktails et à la promo TV/radio. Lee n’a pas le physique d’une autrice qui pose en couverture du ELLE et on lui fait bien comprendre. 

« Les Faussaires de Manhattan » est un film intéressant sur notre société de l’image, de la représentation. C’est également un film qui se sent et je ne saurais l’expliquer clairement. J’ai senti l’odeur de chez Lee Israel, l’odeur du manteau qu’elle porte sans cesse, celle de son ami qui porte la maladie en bandoulière.

C’est un film sans époque où l’on espère que les faussaires ne se feront pas prendre, puisqu’après tout : on les adore.

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