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Doubles vies : snob à tous les étages

Doubles vies : snob à tous les étages

Il faut souvent s’accrocher pour voir les films d’Olivier Assayas : longs, ambitieux, dans l’attente : j’ai toujours l’impression que ce sont des films qui veulent tout et rien dire à la fois.

Il y a toujours un air du passé, presque nouvelle vague par moments : dans les grains de l’image, dans le bruit du son, je ne sais pas. Doubles vies n’y échappe pas, tout en surfant sur un sujet très actuel : la numérisation, pas n’importe laquelle : celle des livres. Sujet on ne peut plus épineux, surtout en France : ce pays dans lequel on installe des bibliothèques sur tous les murs.

Le sujet n’est pas traité en profondeur (faut-il le regretter ?) mais au delà des banalités, quelques hypothèses sont intéressantes et ont le mérite d’être formulées pour mettre en exergue le caractère bien trempé des personnages. Ils ont tous une personnalité bien distincte, mais ils partagent un point commun : l’entre-soi. Ils vivent dans leur monde hypocrite, au milieu des non-dits et de l’argent qui n’est pas un soucis, surtout quand on commande un café et une orange pressée dans un café parisien… Pour ne rien boire.

Plus que celui d’une génération, c’est surtout le portrait d’une époque qu’Olivier Assayas met en scène. Une époque cynique où tous les sujets sont abordés sur la même ligne. Une époque où l’on remet tout en question : l’information, l’Homme et même l’amour. Le tout sans jamais juger un avis ou un autre : chacun a son temps de parole et à la fin des séquences, j’ai adoré retrouver ce fondu au noir que l’on voit trop peu dans un cinéma qui ne plus le temps, ou du moins, plus de la même manière. Ça me procure toujours cette même sensation assez indescriptible, proche de la satisfaction.

J’ai trouvé le casting osé. Guillaume Canet et Nora Hamzawi ne me paraissaient pas les acteurs les plus évidents dans ce film. Ils se fondent finalement relativement bien au film, même si les débuts sont compliqués : Guillaume Canet manque de crédibilité dans les premières scènes en directeur désabusé d’une célèbre maison d’édition parisienne. Mais au film du film, il trouve un ton sérieux et plutôt juste. Pou Nora Hamzawi, c’est encore différent puisqu’elle n’est pas actrice mais humouriste. Elle occupe étrangement l’espace et on n’arrive pas à bien la regarder. Même en gros plan, elle semble cachée. Ses cheveux sont à l’origine de nombreux faux raccords : c’est dommage.

Ma préférence va à Juliette Binoche et Vincent Macaigne : tous les deux inattendus mais ils se glissent aisément dans leurs rôles sur mesure. Si le film enfonce de nombreuses portes ouvertes, les aficionados d’Olivier Assayas s’y retrouvent. Entre le silence, la vie boboisante, et les beaux intérieurs qui cachent la vie qui va mal.

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