
Amanda : une époque de quelques heures
J’en aurais mis du temps à écrire sur ce film tant il m’a marquée. De cette fin d’année 2018, je crois que c’est celui qui a le plus raisonné en moi. Pourquoi ? Je crois qu’Amanda est un film dans l’air du temps.
Dans la chaleur écrasante de Paris et sans qu’il n’y ait besoin de poser de mot sur le visage affolé, inquiet, perdu de Vincent Lacoste, nous vivons l’enfer. Nous vivons la douleur d’une nation, d’une génération, qui sait et ressent au plus profond ce qu’elle perçoit à l’écran. Chaque spectateur, jusqu’à la vérité exposée, espère se tromper.
Je trouve que cette seule séquence est une prouesse. Le duo d’acteurs porte ce film à bout de bras. C’est en dehors des sentiments. Ils vivent la guerre intérieure, l’aventure de la jungle, la nuit sans sommeil. Je peine à trouver les mots pour exprimer l’effet que m’a fait ce film. Il est tout et son contraire à la fois. L’image grainée semble appartenir à un temps révolu, à un lointain souvenir de vacances en famille.
Sous la caméra de Mikhaël Hers, Paris a parfois des airs de Berlin. Le réalisateur signe ici un film très spécial, comme une sorte d’écrin douloureux et nécessaire. Une histoire déchirante, celle que de nombreuses personnes vivent chaque jour. Je suis sans cesse époustouflée par Vincent Lacoste. Il ne manque aucune corde à son arc, il sait tout jouer, il transpire chacune des lignes de son texte, il incarne ses personnes comme personne aujourd’hui.
Vincent Lacoste est David, il a une vingtaine d’années lorsque sa sœur meurt tragiquement. Sa jeune nièce Amanda se retrouve seule avec lui. Amanda n’est ni petite ni grande, elle mange souvent des Paris-Brest avant de dîner, et rien que ça, je trouve que c’est beau. C’est émouvant de ne pas faire les choses comme les autres. De vivre un peu différemment. Dans ce film, il fait toujours beau et les personnages se promènent la peau nue, en t shirt, dans les rues de Paris. C’est un film où la lumière brille tant, qu’elle compense la tristesse des Hommes : leurs cœurs plus lourds, leurs nuits un peu plus tristes et leurs jours jamais trop sûrs.