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L’Ombre d’Emily : unusual suspect

L’Ombre d’Emily : unusual suspect

C’est le genre de film que je vais voir sans trop savoir pourquoi : rien ne m’appelle… Mais rien ne me repousse : alors j’y vais.

Dans ce film, le scénario est tordu, totalement loufoque… Et pourtant totalement maîtrisé durant deux heures rythmées tantôt sur l’action puis sur l’émotion. Je trouve que L’Ombre d’Emily est un film jouissif. J’ai adoré en être spectatrice et me laisser aller aux rebondissements plus ou moins plausibles. On est un vrai témoin des enquêtes de Stéphanie et de son vlog.

L’Ombre d’Emily, c’est l’histoire d’une fausse amitié et d’une réelle vengeance. J’ai aimé les personnages féminins forts et qui ne s’excusent pas d’exister. Les deux personnages sont interprétés par Blake Lively et Anna Kendrick, je dois l’avouer : j’en suis sortie bluffée. Leur palette de jeu est immense et semble rembobinable à l’infini. Le personnage de Blake Lively est d’un sarcasme très écrit mais si drôle : self-made woman qui ne se laisse pas marcher dessus, perchée sur ses Louboutin. Elle a un look extravagant mais très maîtrisé, qui lui va comme un gant. Son faux col et ses manchettes sont une belle métaphore de la psychologique de son personnage : un mensonge permanent à la façade impénétrable.

L’Ombre d’Emily a les codes visuels d’une comédie : c’est très clair, très épuré, très léché finalement. La maison est sublime et tout le monde est beau et apprêté. C’est filmé sur de longs plans, un peu contemplatifs, notamment la table du dîner ou bien les grandes baies vitrées. Au milieu des rires, c’est l’intrigue qui prend le dessus. Tout est très lisse et l’on meurt d’envie de gratter pour en savoir plus. C’est un film totalement inattendu sur lequel je n’ai pas envie de trop en dire pour que chacun garde la surprise (notamment celle des cartons à la fin du film qui expliquent le devenir des personnages… !).

Inattendue, c’est aussi le cas pour le bande-originale composée presque entièrement de variété française des années 70 de Françoise Hardy à Jacques Dutronc en passant par Serge Gainsbourg. Au premier air j’ai eu peur du cliché, du trop-plein de french songs au milieu d’un film qui ne s’y prête pas. Mais finalement on se laisse aller à ce choix probablement ambitieux dans des oreilles américaines. J’ai essayé d’y trouver un sens caché, une explication : pourquoi ? Car la musique est principalement diégétique dans ce film : les personnages l’entendent, l’écoutent, la mette en marche… C’est assez fascinant aussi, parfois, de ne pas avoir de réponses aux questions que l’on se pose.

L’Ombre d’Emily est une excellente surprise, j’aime quand les films cachent leur jeu. On aurait pu se manquer, pourtant la rencontre s’est faite et ça marche : on s’aime bien. À une époque où les bandes annonces prennent presque 20 minutes avant un film, j’aime quand elles sont brèves, qu’elles me donnent juste envie sans m’en dire trop. J’ai aimé ce film car je l’ai trouvé audacieux. Il prend des risques et il faut le saluer : le film hésite puis se lance sur certaines idées et cela fonctionne. C’est beau les risques au cinéma, ça rappelle que tout est possible, que tout se tente.

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