
Diane a les épaules : tout porter
Diane, c’est l’été au milieu de l’automne. Elle rit tout le temps et dans son monde fascinant : demain n’existe pas.
Elle s’approche de la trentaine mais elle s’en fout, l’insouciance subsiste. Ses amis Jacques et Thomas lui demandent d’être mère porteuse. Lorsque le film commence, Diane est déjà enceinte de trois mois mais cela ne se distingue pas.
Ce qui est génial dans ce film, c’est de faire de la GPA un non-sujet. C’est un fait, cela n’en fait pas un film militant, il n’y a aucun jugement, ni pour ni contre. Il y a seulement des hauts et des bas, comme finalement dans toutes les situations de la vie.
Diane a les épaules est une comédie que l’on doit principalement à l’humour franc de Clotilde Hesme. Elle parle aussi vite qu’elle pense. On voit bien que parfois les émotions la dépassent, qu’elle crève d’envie de fumer et surtout : qu’on lui foute la paix.
Le film paraît alors léger et solaire. C’est l’histoire d’une femme entière qui veut rendre heureux ses amis, leur offrir un beau cadeau. Elle en a la possibilité et ne remet jamais son choix en question malgré les désaccords avec les futurs pères qui veulent aseptiser les 9 mois de cohabitation, par peur, par inquiétude que leur rêve qui n’est pour le moment vécu que par procuration ne se brise.
Diane est libre et ne se laisse pas attacher. Elle tombe amoureuse et entend bien vivre, dans la campagne française au beau milieu de l’été, les jours les plus chauds. La complexité de sa personnalité se comprend dans sa relation avec Fabrizio : elle ne fait aucune concession, Diane aime la globalité, elle a la capacité de s’assumer.
C’est d’ailleurs fin car plusieurs fois dans le film Diane se déboîte l’épaule, ce qui ne la surprend pas et l’amuse même un peu. Jolie métaphore d’une expression lourde de sens et qui, imagée, prouve bien que l’on peut avancer dans la vie, mener de front, et parfois faiblir mais sans jamais s’arrêter. Même abîmées, les épaules restent solides.
Diane a les épaules dure moins d’1h30 et il charme. Les plans sont baignés dans la lumière et ceux de Diane en bikini enceinte de 8 mois, flottant dans sa grande piscine hors-sol sont d’une beauté paisible. Elle paraît reine d’un royaume. Un royaume qui serait une maison toute abîmée, des murs cassés, un jardin brûlé par la sécheresse et les carreaux blancs et bleus d’une piscine plastifiée. Mais qu’importe le palais, si la reine s’y plait.