
Le dernier vice-roi des Indes : le revers de la médaille
Un film ambitieux, un film historique, un film dont on n’entend pas parler.
On y suit Lord Mountbatten désigné par Churchill qui va devenir le dernier vice-roi des Indes. Celui qui aura la lourde tache de gérer la libération de l’Inde après des décennies d’occupation britannique.
On voit alors l’arrivée du Lord et de sa famille dans la beauté d’un palais Indien… aux goûts anglais, comme une succursale de Buckingham au bout du monde. Un abri duquel il suffit de sortir pour apercevoir la famine, les enfants déshydratés et la poussière en tonne.
Si la situation est critique, c’est que cette libération n’est pas comme les autres. Il s’agit d’un immense pays dans lequel les religions hindoues, musulmanes, sikhes, cohabitent jusqu’au moment où on leur fait penser qu’ils ne peuvent vivre ensemble s’ils ne se ressemblent pas.
On est entre les citoyens qui tentent de se nourrir, de prendre des nouvelles de leur famille qu’il ne reverront jamais et la vie royale qui se rend bien compte que le pays a été mené à feu et à sang par les politiques précédentes et que finalement tout avait été réglé et écrit des années auparavant quant à cette presque libération qui mènera à la division du pays et au renvoi de la communauté musulmane au Pakistan… situé de part et d’autre de l’Inde.
Ca sera la plus grande migration de l’Histoire : plus de 14 millions de migrants forcés de changer de pays à cause de ceux qui, n’ayant jamais mis les pieds en Inde, décident de ses nouvelles frontières. Il faut savoir que des millions de migrants dans leur périple n’atteindront jamais leur destination.
Le film présente de très nombreux personnages, tous très intéressants y compris les secondaires. Celle qui m’a le plus intéressée c’est Edwina Mountbatten, interprétée par la brillante et trop peu considérée Gillian Anderson. Elle campe le rôle de celle qui oublie son rang et franchit les portails du palais sans crainte. Celle qui n’a pas fait le voyage pour n’être que l’image d’une monarchie sur papier glacé.
Le film se passe exclusivement en inde, la lumière du soleil se reflète sur la pierre mais aussi sur la peau des personnages, sauf les britanniques, trop blancs, trop rouges, pas à leur aise dans un pays où il fait 45° à l’ombre.
L’image est superbe et accompagne le film dans ses contradictions et ses réflexions souvent secondaires alors que les gens meurent. Rien n’est surjoué et cela participe à la vision du film qui est finalement plus politique qu’autre chose. Il raconte l’Histoire, celle que l’on a oubliée ou tout simplement celle qu’on ne nous a pas racontée car ce sont toujours les vainqueurs qui racontent la leur.
Le film est intéressant car il permet à n’importe qui de comprendre les enjeux de l’époque. Ceux d’un gouvernement ayant déjà les pleins pouvoirs qui décide de mettre celui qui devait être son ami à terre et de continuer à le frapper.
Le frapper pour qu’ensuite, seuls, ils s’entretuent. Un gouvernement qui préfère avoir des morts sur la conscience que du sang sur les mains, n’est-ce pas là le principal ?