
Les Proies : à l’ouest, rien de nouveau.
Énième film de Sofia Coppola passé par le festival de Cannes. C’est presque une tradition, raisonnablement attendue. On se demande quel joli film bien emballé la réalisatrice va nous servir.
Qu’on ne s’y méprenne pas, j’aime beaucoup l’univers très marqué de Sofia Coppola. Je regarde à l’infini Lost in translation et même Somewhere. J’écoute les BO de ses films avec toujours autant de plaisir. Mais cette année, je n’ai été que déception.
Déjà à Cannes, avant même la présentation du film, je ne le trouvais pas original et pour cause : c’était du déjà-vu. Les Proies est un remake du film, du même titre de Don Siegel avec Clint Eastwood. C’est étrange car cela a été peu dit et je trouve que ça frôle la malhonnêteté, mais soit.
J’avais déjà vu la « vieille » version que j’avais aimée mais sans plus. Cependant, un remake de la part de Sofia Coppola c’est qu’il doit y avoir un intérêt, qu’elle veut apporter quelque chose de neuf à l’histoire, une vision.
L’atmosphère est relativement pesante, mais pas trop non plus. L’image est tantôt sombre et brumeuse à l’extérieur : en pleine guerre, autour de cette maison au milieu de nulle part.
Tantôt claire, si ce n’est diaphane lors des scènes dans la maison aux rideaux blancs, aux héroïnes Nicole Kidman, Elle Fanning et Kirsten Dunst toutes blondes et vêtues de robes aussi claires que leur peau. Mais la marque visuelle de Sofia Coppola est trop timide et à mesure que le film avance, il devient lisse et ennuie.
C’est décevant en de trop nombreux points et je peine à trouver un intérêt au film. Les 3 actrices principales sont très bonnes dans leurs rôles mais elles sont clairement empêchées. Les personnages sont trop peu réécrits. Dans la version de Siegel, le film était tourné sur le personnage de Clint Eastwood. Ce soldat blessé qui avait déserté la guerre et jouait de son atout ultime : être le seul homme au milieu de femmes (douce époque convaincue de l’ennui profond des femmes lorsqu’elles sont loin des hommes…).
Ici, le film est tourné vers la maisonnée, ces femmes bien nées de tous âges qui vivent au milieu de la guerre dans leur prison dorée. Le film tourne dans le vide avec une résolution amenée comme un cheveu sur la soupe. La fin aurait mérité un développement plus long et plus complexe.
Avec le recul, je trouve que c’est sincèrement dommage. Dommage d’avoir le luxe du choix lorsqu’on est à ce point installée dans le cinéma et d’aller droit dans le mur à ce point. Je me demande encore : pourquoi ce remake ? Pourquoi ne pas s’être intéressée à l’histoire d’un angle plus novateur et moins barbant ?