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The Shape of Water : l’amour en apnée

The Shape of Water : l’amour en apnée

Des semaines que mes yeux brillent devant la bande annonce du nouveau film de Guillermo Del Toro, déjà ultra primé. Je ressens toujours une immense frustration de ne pas pouvoir voir le film dont tout le monde parle.

En trois minutes, la voix de Madeleine Peyroux sur la Javanaise, le visage sensible de Sally Hawkins et les sentiments débordants : j’en attendais énormément. J’avais envie d’aimer ce film si fort. C’est chose faite. Je l’ai vu et je l’ai aimé. Tant et tellement.

Chaque plan m’a émerveillée, m’a transportée dans un monde inconnu et si plaisant malgré sa froideur et sa distance.

The Shape of Water nous plonge dans un cabinet intime, celui d’Elisa, muette mais pas sourde. Personnage auquel on donnerait le bon Dieu sans confession mais qui n’a rien de sage, au contraire : tout d’une aventurière en col Claudine.

Sally Hawkins habite son personnage à merveille, tout en retenue et pleine de malice à la fois.

Elisa est femme de ménage dans un laboratoire américain ultra sécurisé, avec son amie Zelda. (superbe second rôle pour Octavia Spencer). Elles travaillent la nuit. Un soir, Elisa va se retrouver fascinée par une créature enfermée et enchaînée dans l’eau dans une salle du laboratoire.  Créature aquatique présentée comme mauvaise et dangereuse. Visuellement, cette créature est d’ailleurs superbe. Loin des monstres construits en post-production, cette créature est palpable et vraiment très très réaliste.

Elisa est dans l’incapacité de parler et va mettre en place une autre technique de communication avec cette créature. Créature dont on ne sait rien, ni son nom, ni d’où elle vient… On sait qu’elle est de sexe masculin, du moins on le devine, et qu’elle sait se faire comprendre… Des êtres les plus sensibles.

J’ai beau chercher les mots, rien n’est assez fort pour décrire cette merveille de film. Les couleurs bleues, grises et abîmées. Le bois des meubles qui réchauffe les intérieurs dans des airs de jazz faussement classiques.

Tout est soigné dans les détails et les décors sont sublimes. Les scènes aquatiques sont d’une grande apesanteur, d’un onirisme et d’une poésie ou bien quelque chose à mi-chemin.

The Shape of Water est un film ultra travaillé et d’une grande cohérence, c’est donc  sans aucun étonnement que l’on retrouve le nom de Guillermo Del Toro autant au scénario, qu’à la réalisation qu’aux dialogues. Ce film est un tout, comme un papier cadeau qui envelopperait avec amour un précieux présent.

Le rythme est fin et sur un film de plus de deux heures, ce n’était pas forcément aisé. Mais les personnages sont si bien écrits qu’au bout de 10 minutes, nous les connaissons et nous les comprenons. C’est peut être faux, ce n’est peut être qu’un leurre mais après tout, qu’importe ?

La sensibilité à vif du personnage d’Elisa est terriblement touchante, son visage émerveillé et d’une joie constante sont fascinants. Elle ressemble beaucoup à la bande-originale du film. Une musique avec des morceaux existants et des compositions originales. C’est souvent risqué, ici c’est parfait. C’est introduit avec délicatesse, les thèmes sont sublimes et le spectateur a plaisir à les entendre comme des ritournelles d’amour. Je crois que les thèmes associés à des personnages spécifiques sont les plus beaux mariages du cinéma et de la musique. Celui d’Elisa est doux, vif et intriguant à la fois. Cette beauté nous la devons, encore, (toujours ?) à Alexandre Desplat. J’aime énormément son travail, je sais que cet avis est très subjectif, mais sur ce film, l’ambiance est formidable et il y est pour beaucoup. Je me demande si ce n’est pas lui le ruban rouge sur le papier cadeau. Il est nécessaire, on le dénoue avec délicatesse et c’est lui qui fait briller nos yeux. La beauté du détail, l’émotion de l’attention, le temps rallongé pour quelques secondes de sentiments. On en manque cruellement, n’ouvrons pas le cadeau tout de suite, renouons un peu le ruban.

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