
Parasite : critique d’un monde moderne
Je suis rarement attirée par le cinéma coréen et par extension asiatique. Je ne saurais pas l’expliquer car il s’avère qu’à chaque fois que je me laisse tenter, je suis totalement charmée. Peut-être qu’il ne faut jamais rien attendre pour être conquis.
Palme d’or 2019 à Cannes, Parasite me semblait effrayant et fascinant : j’ai été servie.
Parasite, c’est l’histoire de deux familles, deux mondes qui vont être amenés à cohabiter, de manière plus ou moins officielle. La narration est formidable, sans aucune fausse note, totalement maîtrisée. Du début à la fin du film, aucune scène n’est de trop sur plus de deux heures.
Nous sommes plongés, à travers la famille de travailleurs au chômage, dans la Corée du sous-sol. Cette strate oubliée qui n’a les moyens de rien, pas même de se nourrir et qui sent mauvais. L’odorat joue d’ailleurs un rôle primordial dans ce film. Peut-être même le rôle principal. C’est par ce sens que passe la tension scénaristique mais aussi la dénonciation politique forte de ce film.
L’odeur, c’est le clivage entre les riches et les pauvres : cela a toujours été le cas et c’est universel.
Dans Parasite, on peine à trouver le méchant personnage, car en réalité : il n’est pas visible. La famille riche n’est pas forcément détestable et on ne prend pas totalement les plus pauvres en pitié : je crois que c’est là toute la puissance du film, chacun est plus ou moins victime de sa classe sociale.
Dans une grande maison lisse et avec une vue sur l’extérieur superficielle, chacun bénéficie de son espace, éloigné des autres. Si éloignés, qu’à force, on ne sait plus qui est présent et depuis quand. De l’autre côté de la ville, c’est l’inverse : on vit les uns sur les autres mais personne ne se connait réellement et ne sait de quoi l’autre est capable. On boit pour ne plus se souvenir et l’on mange ce que l’on trouve, par nécessité : la notion de plaisir est totalement absente, inconnue.
Au delà du sous texte saisissant, le film en tant que tel est un réel chef d’oeuvre. Le rythme est soutenu mais nous laisse le temps : réelle prouesse dans le cinéma d’aujourd’hui. la tension est parfaite jusqu’au dernier moment. Quant aux acteurs, qui m’étaient tous inconnus, ils sont d’une justesse folle, capables de mille émotions, d’un changement de personnalité en un claquement de doigt : impressionnant Parasite.