
Don’t worry, he won’t get far on foot : revenir sur ses pas
Don’t worry, he won’t get far on foot est une petite histoire de vie mais qui peut parler à beaucoup. En chemise à fleurs ouverte, jean pattes d’eph’ et cigarette au bord des lèvres, John mène la belle jeunesse. Celle où l’on peut vivre à mille à l’heure en gardant l’illusion parfaite du contrôle.
John est alcoolique, il est malade. Inévitablement, l’accident arrive. Celui qui peut s’éviter et arrive pourtant si aisément. John est maintenant alcoolique et handicapé. Il passe de longs mois à l’hôpital, allongé à attendre. Le jour où le fauteuil roulant électrique arrive, on sent la joie à l’image. Les plans sont plus lumineux, moins stoïques, plus vifs. Le film revit au même rythme que son personnage qui achève les batteries de son fauteuil à la vitesse de la lumière.
Le temps fait les choses, mais se détacher de l’alcool pour John est une montagne à gravir. Un impossible. Il va faire partie d’un groupe de parole où personne ne sera tendre avec lui. Ce groupe est mené par Jonah Hill, dans un rôle qu’on ne lui connaissait pas. Un homme repenti, que l’on sent revenir de loin, aux airs de Chaman. Une excentricité toujours présente dans ses paroles ou son attitude. Dans ce groupe, l’on découvre également Beth Ditto vraiment surprenante et convaincante.
Les rôles sont tristes mais ils sont réels. Le chemin de la guérison pour ceux qui acceptent de l’emprunter est pavé de mauvaises intentions.
Joaquin Phoenix interprète John. Il est d’une véracité qui m’impressionnera toujours. Ses difficultés et sa solitude prennent à la gorge. Malgré son horrible caractère et sa solitude, on aimerait lui tendre la main tout en sachant que sa reconnaissance sera inexistante. Son personnage traverse les épreuves de la dépendance : à l’alcool et à l’autre. C’est traité de manière très brute dans le film. Lorsqu’il s’agit de prendre sa douche, lorsque la sonde se détache. On nous donne à voir la vrai vie et le beau roman n’a pas sa place ici. Il s’agit de découvrir un homme qui doit faire face à son nouveau corps, ses nouvelles faiblesses et ses forces, qu’il cherche encore.
Rooney Mara en femme-apparition est sublime. Grande actrice de films aux multiples émotions. C’est peut-être son regard doux et profond comme le monde qui donne envie de l’avoir dans sa vie. C’est drôle, au moment où j’écris et où je la visualise, je me souviens que Rooney et Joaquin étaient des amoureux séparés mais pleins de sentiments dans Her, merveilleux film de Spike Jonze.
John remonte la pente, il tente de revoir ce qui n’est pas irréversible. Au delà d’une leçon, Don’t worry, he won’t get far on foot est un film qui parle. Qui expose les heures de la vie pour que chacun en fasse ce qu’il veut. C’est un joli film sur lequel on aime réfléchir. John cherche un moyen de s’en sortir, il va trouver le sien. C’est finalement peut-être la preuve, un du moins un exemple. L’exemple que même au fin fond d’une vie que l’on pense achevée, l’espoir peut se présenter et qu’on a le droit de le saisir.
Un film qui peut-être ne va pas assez loin sur le moment, mais permet d’y repenser.
Je garde une image de ce film. Mis à part tous les plans avec Rooney Mara, magnétique. Ce que je retiens, c’est Joaquin Phoenix cheveux au vent, à fond à 30 km/h en fauteuil. On trouve le bonheur comme on peut et avec les moyens que l’on a. Parfois, cela nécessite de tout réapprendre. De regarder en face et d’accepter qu’on n’est plus celui que l’on a été. Et que ce n’est pas grave, puisque tout s’apprend et se reprend.