
Revoir Paris : séjour dans la mémoire
Il est des films contradictoires. Ceux que l’on a très envie de voir et qui pourtant, on le sait, nous feront du mal. « Revoir Paris » nous replonge dans l’hiver 2015. Celui où le froid et le silence se sont installés jusque dans nos vies.
La date n’est jamais donnée, mais quiconque a vécu cette soirée en France s’en souvient. Mia et Thomas étaient dans un café le 15 novembre 2015. Par chance ou incompréhension, ils s’en sont sortis vivants. « Revoir Paris » raconte à quel prix. Au prix d’un physique atrophié, d’un esprit déconnecté, d’une vie qui semble avoir perdu tout goût.
Virginie Efira et Benoit Magimel portent parfaitement leurs personnages. Dans l’effroi, la douleur mais jamais dans la colère. La brume a élu domicile dans leurs cerveaux comme pour les préserver (est-ce possible ?). Peut-être est-ce l’effet du choc.
« Revoir Paris » ne s’encombre pas de longues tirades ou autres philosophies de comptoir : le film raconte l’humain et ses émotions, aussi paradoxales soient-elles. La difficulté d’accompagner est aussi montée : l’amour peut-il être suffisant lorsqu’on n’a pas vécu le même trauma ?
Dans « Revoir Paris« , celle qu’on voit peu finalement, c’est Paris. Cette dernière est un sentiment, une émotion plus qu’une ville. Paris est un état d’esprit. Elle l’a toujours été, mais depuis novembre 2015, elle est devenue une fête où l’on garde la sortie de secours dans le viseur.