
En attendant Bojangles : la vie d’à côté
Je me souviens du livre sur la table d’une maison qui n’était pas chez moi.
La couverture presque animée, la police originale. Tentée, appelée, j’avais commencé la lecture de « en attendant Bojangles ».
Rapidement avortée. Le style me paraissait difficile, long, compliqué à décortiquer. Pas l’énergie, pas l’envie.
Si j’ai aimé le film ? D’amour. Je n’avais rien retenu de l’histoire car je n’étais pas allée assez loin dans le roman. Tout m’a attrapée dans ce film. La lumière douce, les couleurs tantôt joyeuses tantôt ternes, à l’image des humeurs des personnages.
Les plans sont longs et doux, presque enlevés. La voix et le piano de Nina Simone en ritournelle.
Une réelle beauté où tout est au service de l’émotion. La joie dégouline sur la première partie du film, le soleil brille jusqu’aux ailes qu’il brûlera.
La réalité rattrape vite et elle frappe en plein visage. Le visage de Virginie Efira, fabuleuse dans ce rôle complexe. Je me demande comment une telle actrice a pu arriver aussi tardivement sur le grand écran.
Qu’est-ce que le cinéma français aurait fait ? Toutes les fois où elle joue, je me demande qui pourrait la remplacer. Force est de constater que personne n’a son jeu son mystère et son éclat.
Romain Duris, pourtant peu discret, semble secondaire dans ce film. Il insuffle quelques scènes, elle déroule le fil de l’histoire, brillamment. Même Mademoiselle peine à lui faire de l’ombre. « En attendant Bojangles »prend à la gorge, car il parle de ce qui nous touche tous : les rêves et les espoirs.
Ce que l’on tait par peur d’être moqué. Ceux auxquels on pense le soir pour rêver mieux la nuit.
Jusqu’où doit-on vivre dans l’insouciance ? Le retour sur Terre est-il forcé ? Faut-il forcément ressembler aux autres et se ranger ? Quelles sont les issues ? Le film se pose toutes ces questions sur deux heures.
Près d’un mois après l’avoir vu, j’y repense souvent. Il laisse l’amertume du lendemain, mais la beauté de la veille.