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Chanson douce : sobriété du désastre

Chanson douce : sobriété du désastre

Quiconque a lu Chanson Douce de Leïla Slimani ne peut l’oublier. Il ne s’agit pas là de qualité stylistique ou même littéraire mais simplement d’histoire.

J’avais dévoré le roman dur, douloureux, et transparent. Le film se présentait bien. Le casting est une réussite. Leïla Bekhti et Antoine Reinartz sont justes et beaux. Karin Viard, personnage central, est parfaite. Elle est énigmatique, propre sur elle et à certains moments : vicieuse. Elle tient la tension du film grâce à un jeu d’actrice millimétré et à la fois criant de vérité.

Les enfants sont eux aussi excellents dans leurs rôles. Leur relation avec Louise se créée comme des animaux qui se découvrent. Le film prend son temps. Quelques péripéties plus ou moins signifiantes ponctuent la narration. Mais c’est la rencontre qui importe. La rencontre entre le spectateur et les personnages. Le film nous immisce dans une vie de famille contemporaine et plutôt classique. Deux parents travaillent et embauchent une nourrice pour leurs deux enfants. La vie suit sont court mais l’on sent bien que le rôle et la place de la mère sont complexes.

C’est elle qui a décidé de retravailler et de confier ses enfants à une presque inconnue. Dès lors, on sent que c’est la mère qui angoissera et culpabilisera. Les tartes au citron et les éclairs au Nutella n’y feront rien.

L’image est simple et belle. Elle offre de longs plans saturés mais où la couleur se ressent tout de même. On hume les peaux moites d’un été en ville. Tout comme le vent dans la campagne se glisse dans nos cheveux. Chanson douce est un film sensoriel.

La fin se devine sans que l’on n’ose y croire. Ayant lu le roman, je savais très bien ce qui allait se passer. Une question me suivait : comment mettre un tel évènement en scène au cinéma ? Je n’ai pas été déçue. Jusqu’aux derniers plans, Chanson douce offre la sobriété à l’horreur de l’histoire.

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