Madame Hyde : bombe éclectique

Il y avait plusieurs films qu’Isabelle Huppert ne s’était pas vue offrir un rôle à sa juste valeur. Après les grandes déceptions avec Elle ou Eva, je n’y croyais presque plus. Avec Madame Hyde, Isabelle Huppert revient sur ce qu’elle sait faire de mieux : le burlesque, le décalé, le génie ?

Madame Géquil est professeur de physique-chimie dans un lycée de banlieue. Professeur en blouse blanche que personne ne respecte, n’écoute, ni même ne calcule. Elle hurle pour se faire entendre mais rien n’y fait. Même le proviseur à la mèche lissée, et totalement barré, interprété par Romain Duris (au top), n’a pas de solution.

Un jour, au fond de son algéco-labo, Madame Géquil prend la foudre et devient… Hyde. Revirement fascinant et presque onirique. Une silhouette aussi brûlante que le roux de ses cheveux, elle sème le désordre, le chaos… De manière tout à fait décontractée.

Madame Hyde apporte un traitement novateur dans le film « d’école ». Il n’est pas question de respect, d’égalité des chances ou de fin heureuse et réussite par la qualité d’enseignement.
Il est question de vie réelle. D’élèves plus ou moins soucieux d’apprendre. Le film ne porte pas de jugement, il montre. S’arrête sur les situations pour nous laisser du temps, pour donner un film relativement bien rythmé et aux couleurs qui éblouissent. A l’instar de Tip Top du même réalisateur.

Madame Hyde se pare de couleurs criardes, souvent primaire sur fonds unis, ternes et parfois à la tristesse semblable aux couloirs d’hôpital.
Madame Hyde est un réel objet graphique à la photographie soignée et millimétrée. Une parenthèse imaginaire brillamment menée avec des rôles masculins singuliers et assez inédits avec le personnage de José Garcia notamment, jolie surprise du film.

Madame Hyde est un peu étrange, effrayant mais on a envie d’aller plus loin. De continuer, comme hypnotisés. Qu’y a-t’il de plus fascinant que toutes les personnes qui vivent en Une ?