
Call me by your name : mise à nu
Un prénom qui ressemble à l’Italie, carrefour Européen, centre des mondes et au milieu des langues.
Elio. Jeune homme tournant autour d’une mini-piscine grande fontaine dans des plans baignés de soleil et de chaleur.
Comme chaque été, ses parents accueillent dans leur grande villa aux airs de Bourgeoisie italienne, un doctorant qui cherche à approfondir ses connaissances auprès du professeur. Oliver, l’américain aux cheveux gominés par l’eau de la douche et aux bermudas ceinturés, est l’élu.
Vite intégré, il est aussi perçu par Elio comme hautain. Premier sentiment d’une relation aux ressentis contradictoires et douloureux.
Call me by your name est un récit initiatique tout ce qu’il y a de plus classique, mais d’une grande finesse. Le film se niche dans les détails, dans les regards et dans les non-dits des personnages.
Des personnages touchants, parfois insaisissables. Nous n’arrivons pas à cerner Oliver, ce grand homme blond qui détonne dans le paysage. Cet homme qui peine à passer les portes et dont l’eau de a fontaine n’arrive pas à la taille.
Il s’avance vers Elio puis s’en éloigne sans qu’on arrive à le suivre. Il et l’homme venu d’ailleurs, l’élément perturbateur, devrais-je dire déclencheur, d’une jeunesse bien entamée qui migre vers les corps et autres plaisirs charnels. Les scènes de rapprochement sont sublimes. Remplies de pudeur, d’hésitation et de première fois. Le naturel de leur rapprochement et doux malgré les questions qu’Elio se pose. Le film enveloppe ses personnages avec amour et empathie. L’empathie face à une relation vouée à se terminer. Une relation qui, à peine commencée ou définie, va devoir s’arrêter ; Dans la douleur et dans les pleurs.
C’est une histoire terriblement intime, non pas d’avoir connu ce sentiment mais de voir la déception et les cœurs qui se serrent d’un amour presque naissant, d’un chemin trop vite effacé.
La distribution est superbe. Amira Casar en mère aimante mais à l’écart. Michael Stuhlbarg en intellectuel bourré de sentiments, Esther Garrel en amoureuse déçue. Timothée Chalamet est indescriptible. Une révélation sincère, un visage et une voix de cinéma. Tout dans son attitude montre qu’il est à sa place. Le duo qu’il forme à l’écran avec Armie Hammer est sublime et vrai.
Ce qu’on retient, c’est finalement l’amour qui flotte dans l’air. L’amour qu’on se porte, qu’on s’offre. Les amours que l’on ne nomme pas par peur d’indécence, alors qu’ils sont tous beaux et nécessaires.
La bande originale repose. Elle extériorise ce qui est parfois trop lourd à porter pour les personnages. Elle nous remplit et nous vole au film quelques secondes. Le temps de respirer, de reprendre ses esprits… Et de s’enfoncer un peu plus dans la mélancolie, même au delà du film.
Call me by your name est réellement un très beau film dans ce qu’il raconte mais aussi dans ce qu’il montre. Très abouti, rythmé en longueur. Il pose le doigt sur l’universel, sur ce qui nous unit et nous sépare. Sur ce qui nous fait autant de bien que de mal, sur ce qu’on aimerait connaître plus fort pour qu’il ne s’arrête jamais.