
Nox : quand la série TV française est à la hauteur
Le mois dernier sur Canal + était diffusé une nouvelle série : Nox.
Les premiers épisodes semblent tomber dans la facilité classique (et bien française) de la série « de flic ». Ces jeans aux ceintures-revolver, bombers noirs et voitures qui roulent n’importe comment dans Paris. Mais il n’en est rien, la série -6 épisodes seulement- sait construire son univers et nous diriger vers une toute autre direction : celle d’une enquête totalement barrée et effrayante sur fond de réalité sociale.
Je fais partie de ceux qui ont toujours été attiré par la série TV française. J’aime bien ça, même si parfois c’est mal joué, même si parfois… C’est toujours les mêmes intrigues. J’aime leur atmosphère, leur petit côté souvent désuet. J’aime la petite musique de la série française qui me fait fermer les yeux sur quelques erreurs parfois. Cette dernière décennie, nombreuses séries françaises sont de qualité et commencent à traverser les frontières pour conquérir un nouveau public. Nox est à part.
Nathalie Baye, ex-flic part à la recherche de sa fille –elle même policière- qui a disparue dans les égouts de Paris pendant une interpellation.
L’idée de base est séduisante, ça change, et ça donne envie de poursuivre. Cette jeune femme disparue est interprétée par Maïwenn que l’on ne voit finalement pas très longtemps.
Le casting, c’est un autre très bon point de cette série. Il est absolument parfait. Tous les acteurs sont crédibles et justes. Le personnage de Nathalie Baye est très bien écrit, un presque sans-faute pour cette femme que la vie semble abandonner et qui est d’un cynisme formidable. Elle tient ces six épisodes à elle seule et ne s’essouffle jamais. Il y avait longtemps que personne ne lui avait offert un tel rôle. Un rôle de femme sans artifice, de femme ancrée dans la réalité et dans l’actualité. Les duos formés sont intelligents et bien sentis. Les participations de Valérie Donzelli et Noémie Lvovsky sont de belles surprises également. Elles interprètent elles aussi des personnages travaillés et de qualité.
Nox m’a surprise du début à la toute fin et ça faisait longtemps.
La série est glauque, autant dans l’idée que la réalisation. C’est filmé de manière assez nerveuse, presque uniquement en sous-terrain ou dans la nuit. On entre dans un espace-temps totalement chamboulé, les jours et les nuits ne se distinguent plus et tout au long de ces 6 épisodes on perd nos repères en tant que spectateur, c’est vraiment fascinant et très bien mené.
Rien ne semble de trop dans Nox, aucune scène n’est ridicule ou en trop. C’est simple et percutant. Glaçant et pertinent. Les dialogues sont bien tournés, toujours intelligents et parfois drôles.
La fin, dont je ne dirais rien, est inattendue et selon moi : excellente. Il est rare de suivre des séries TV française écrites comme elles devraient l’être : avec un début et une fin en cessant absolument ces fins qui n’en sont pas dans l’espoir d’une saison prochaine pour contenter l’audimat.
Nox est réalisée et écrite telle une tragédie, en 6 actes ici, mais qu’importe. Ces quelques heures à descendre au premier, deuxième puis troisième sous-sol parisiens sont aussi jouissives qu’effrayantes.